Coup de projecteur sur la consultation citoyenne du 6 juin 2018

Le café européen du 6 juin 2018 prenait exceptionnellement la forme d’une consultation citoyenne européenne sur le thème « Défense européenne : mythe ou réalité ? ».

60 personnes étaient présentes : une majorité de retraités, 10 étudiants, 10 actifs. Une majorité de pro européens, quelques indécis et trois eurosceptiques étaient représentés.

Mme Christine Bousquet, Présidente de la Maison de l’Europe de Tours a introduit l’évènement en présentant rapidement le fonctionnement des consultations citoyennes et le thème abordé « l’Europe de la défense ».

Le Général Arnaud Ladrange, représentant militaire français auprès de la Commission européenne de 2014 à 2017, est ensuite intervenu pour présenter les enjeux d’une défense européenne. Il en a fait un rapide « état des lieux ».

Le Général a commencé par rappeler l’histoire de la politique de défense et de sécurité commune.

Puis, il a défini les menaces auxquelles l’Union faisait face en s’attardant sur le terrorisme et la crise migratoire.

Il a ensuite exposé les avancées faites depuis quelques années et les différentes solutions amorcées par l’Union européenne. La Commission a notamment élaboré un plan d’action défense, mettant en place des programmes de recherche militaire. Une clause « structurée et permanente » a été introduite par le Traité de Lisbonne permettant ainsi aux Etats membres qui le souhaitent de collaborer davantage en matière de défense.

Enfin il a identifié les lacunes de cette politique, notamment dues à la complexité du processus décisionnel.

Suite à cette présentation, les interventions du public autour de ce thème ont commencé : questions et discussion entre les participants et l’intervenant.

Les interventions du public :

  • Quelle est la relation entre l’Union et l’OTAN ? Au regard de la politique d’isolement pratiquée par les Etats-Unis, l’Union est-elle capable de s’en émanciper ?

Réponse : La relation entre l’OTAN et l’Union est complexe puisque la non duplication d’actions reste la règle en vigueur, l’OTAN est alors vigilante à ce que l’action militaire de l’Union n’interfère pas avec la sienne.

Le Général a reconnu que les Etats membres prenaient leur distance avec l’OTAN, notamment suite aux déclarations de Donald Trump au début de son mandat. Cependant, il a précisé que l’UE ne peut s’émanciper des Etats Unis car les Européens en ont besoin notamment financièrement. Elle n’en a pas non plus la volonté, les Américains étant les seuls à disposer de certains moyens indispensables aux opérations militaires.

  • Quelle menace la Russie représente-elle pour l’Union européenne ?

Réponse : les pays n’ont pas tous la même vision de l’attitude russe. L’Europe de l’Est semble très préoccupée par la Russie, notamment depuis l’annexion de la Crimée en 2014. L’Europe de l’Ouest, quant à elle, reconnait que la Russie cherche à déstabiliser les Etats transfrontaliers ce qui peut être une menace. Cependant, ils sont plus préoccupés par les problèmes liés aux crises dans les pays du Sud et qui entrainent la crise migratoire (situation en Lybie, guerre en Syrie).

  • Comment fonctionne le processus décisionnel européen en matière de défense ?

Réponse : Les décisions sont prises, avec l’aval du Conseil européen, à l’unanimité au sein du Comité Politique et de Sécurité réunissant les ambassadeurs des Etats membres et des représentants du Service européen pour l’action extérieure. Le processus décisionnel est donc complexe. L’Etat major européen ne prend aucune décision, il est uniquement un élément d’appui ce qui ne permet pas de simplifier ce processus.

Il semble largement ralenti par les différentes visions des Etats membres. En effet, certains Etats prônent une politique de soft power, tels que l’Allemagne, d’autres souhaitent agir davantage sur le terrain, comme la France. Les Etats membres n’ont pas tous les mêmes moyens militaires, ni les mêmes préoccupations. Les décisions étant prises à l’unanimité, la politique de défense et de sécurité commune se retrouve donc parfois bloquée.

  • Quel est le budget alloué à la défense par l’Union ? Quels sont les enjeux économiques liés à la défense ?

Réponse : Le budget européen alloué à la sécurité et la défense est d’environ 1 milliards d’euros. Dans ce budget, l’Union a prévu la mise en place d’un programme de recherche de défense européenne avec un volet orienté sur les capacités militaires. Aucune contribution supplémentaire de la part des Etats membres n’est demandée.

L’Union peut également contribuer financièrement aux actions des Etats membres, elle est notamment intervenue en République Centrafrique. Cependant, la contribution de l’Union reste limitée aux cas où tous les Etats membres ont donné leur accord pour participer à l’action envisagée. Ainsi, l’Union n’a pas contribué à l’opération menée notamment par la France au Mali.

Les enjeux économiques sont liés à la capacité des Etats européens à s’armer seul et à exporter leur matériel militaire. Pour cela, il est important de créer de nouvelles coopérations et d’inciter les Etats membres à mettre leurs intérêts en commun. Cependant, ils restent individualistes dans ce domaine, notamment la France qui peut être un frein à la coopération et souhaite garder entièrement sa souveraineté.

Les propositions qui ressortent de cette consultation citoyenne :

  • Mettre en place un véritable chef de l’armée européenne qui puisse la coordonner, prendre les décisions majeures. Un chef comme pourrait l’être le Président français, chef des armées.
  • Adopter une approche plus globale, intégrée c’est-à-dire fédérer toutes les actions possibles de l’Union dans un intérêt commun de défense pour pouvoir mieux gérer les crises. Dans le cadre de la crise migratoire, il faut intervenir dans les pays à la source (Syrie..) mais aussi utiliser les programmes européens d’aide au développement, d’aide humanitaire.
  • Créer des coopérations avec les Etats hors Union et inciter les Etats membres à mettre leurs intérêts en commun afin de renforcer l’efficacité des missions européennes.

Vous pouvez toujours participer à la consultation citoyenne organisée en ligne par la Commission européenne en cliquant ici.