L’UE et l’international : Les tensions entre la Grèce et la Turquie

Depuis plusieurs mois, de vives tensions sont présentes entre la Grèce et la Turquie. En effet, le président turc Recep Tayyip Erdoğan s’intéresse de plus près à la Méditerranée occidentale où de vastes gisements gaziers ont été découverts.

La Turquie a signé avec le gouvernement Libyen une délimitation maritime rognant en partie sur les zones grecques et chypriotes. De ce fait, cet accord bilatéral entre la Turquie et la Lybie est contesté par Chypre et la Grèce mais aussi par d’autres pays comme la France et l’Egypte.

Le 10 août, le président Turc a envoyé un navire turc pour prospecter sur les fameux gisements gaziers. Cependant, il a été déployé dans les eaux grecques et de surcroit il était accompagné par une dizaine de bâtiments militaires. Cette situation a duré jusqu’à la mi-septembre, il y a deux semaines maintenant que l’Oruç Reis (le navire litigieux) est rentré en Turquie.

Les querelles entre ces deux pays ne sont pas récentes. Depuis les années 80, la Turquie conteste la délimitation de frontière définit par le traité de Lausannes en 1923 après la guerre Gréco-Turque, notamment sur la question de petites iles au large des côtes sud de la Turquie loin du continent européen.

Cette revendication assumée d’Erdoğan d’une extension turque vient en parti du fait qu’il rencontre des difficultés sur le plan interne. Son parti a récemment perdu Istanbul aux dernières élections municipales. Il a donc besoin de trouver une légitimité ailleurs, notamment sur le plan international, avec une politique extérieur très agressive en revendiquant les îles grecques près des côtes turques.

Du coté français, le président Français a affiché son soutien à la Grèce en augmentant sa présence militaire avec un envoi de navires de guerre et d’avions de combat français. Le président a essayé d’avoir une réponse commune avec les autres membres de l’Union européenne pour faire respecter le droit international.

Cependant certains membres de l’UE ont réclamé des sanctions contre la Turquie, sanctions qui sont aussi réclamées par le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrel.

Le jeudi 10 septembre, lors du sommet du Med7, les huit dirigeants (France, Grèce, Italie, Espagne, Chypre, Malte, Espagne, Portugal) ont affirmé que si la Turquie ne respectait pas le droit international, il y aura des « sanctions significatives ». Ces pays soutiennent la Grèce et Chypre dans cette crise en renforçant les manœuvres militaires dans la région.

Cependant, l’Allemagne ne soutient pas la France dans ce bras de fer engagé avec le président Turc, préférant privilégier le dialogue avec Erdoğan. Cette réticence de prendre parti peut être expliquée par le fait qu’une grande communauté turque est présente en Allemagne.

Pour les Etats-Unis, la situation est délicate car la Turquie est un membre important de l’OTAN, et grâce à la Turquie, ils peuvent garder une influence sur le Moyen-Orient. La France n’a donc aucun soutien au niveau de l’OTAN.

Les relations entre la France et la Turquie se sont grandement détériorées notamment sur la question des Kurdes en Syrie, de l’OTAN (le président français avait dit que l’OTAN était en « état de mort cérébral » mais surtout sur la question de la Libye.

Dans ce bourbier qu’est la situation libienne, la France soutient le maréchal Khalifa Haftar alors que la Turquie soutient le gouvernement de Fayez Al-Sarraj soutenu par l’ONU.

Bien que la région semble être sous tension, la Grèce ayant fait l’achat de 18 rafales français (premier pays européen à en acheter), la situation semble s’apaiser un peu avec le retour en Turquie du navire Oruç Reis. En outre, le 22 septembre la Grèce a annoncé que le dialogue avec la Turquie allait reprendre. C’est une première depuis 2016. Ce dialogue a été fortement encouragé par l’Allemagne qui veut faire baisser les tensions dans la région, mais aussi le président du Conseil européen, Charles Michel.

Mathieu Serrault, bénévole