Élections européennes du 26 mai 2019 : enjeux et conséquences

Source : La Nouvelle République

Le 26 mai 2019, les citoyens européens ont élu leurs représentants au Parlement européen. La participation a augmenté depuis les dernières élections de 2014 puisqu’elle a atteint 50,12% contre 42,61%. Le rôle des députés sera de bâtir puis voter, pendant les cinq prochaines années, les textes de lois qui seront appliqués par les États membres de l’Union européenne. L’une de leur tâche majeure est également de désigner les président.e.s des institutions européennes, dont cel.ui.le de la Commission.

La répartition dans les groupes européens

Après avoir été élus, les députés européens de chaque États membres doivent rejoindre ou former les groupes parlementaires et élire leur propre représentant.e.

Ainsi, les centristes du groupe « Renew Europe » (ex-ADLE), rejoints par les députés de la République en marche (LaREM), ont choisi le roumain Dacian Ciolos comme chef de file à 65 voix contre 41 pour l’eurodéputée néerlandaise Sophie in’t Veld. Il succède ainsi à Guy Verhofstadt.

Du côté des sociaux-démocrates, la socialiste espagnole Iratxe Garcia a été élue à la tête du S&D et devient la première femme à occuper cette position. L’eurodéputé Eric Andrieu, troisième sur la liste Place Publique-PS-Nouvelle Donne, a quant à lui été réélu à la vice-présidence du groupe.

A l’extrême droite, L’Europe de la Liberté et de la Démocratie directe (ELDD), groupe formé du Brexit Party de Nigel Farage et du Mouvement 5 étoiles (M5S) italien est voué à disparaître car ses membres ne sont issus que de deux États membres alors que sept sont nécessaires pour former un groupe. D’autres groupes d’extrême droite (la N-VA belge, le parti Vox espagnol et le parti europhobe néerlandais) ont rejoint le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE).

Des commissions parlementaires qui nécessiteront des coalitions

Pour autant, la formation des groupes et leur présidence ne sont pas les seuls enjeux de ces élections. En effet, l’un des enjeux les plus importants est d’établir des commissions parlementaires. La législature 2014-2019 comptait 20 commissions thématiques permanentes et la composition de chacune d’elle reflétait celle du Parlement. Celles-ci ont pour mission, à travers l’adoption de rapports et l’audition d’experts, d’étudier en profondeur les textes de loi proposés par la Commission européenne, et de les amender avant de les soumettre en plénière. Un travail qui requiert des négociations entre ses membres. Dès lors, les groupes politiques devront s’entendre autour d’un programme de coalition. Cependant, une discussion pourrait s’avérer plus compliquée qu’habituellement puisque les deux principaux groupes, le S&D et le PPE, ne possèdent plus ensemble la majorité absolue au sein du Parlement.

Élection du/ de la Président.e de la Commission : un choix imprévisible

Le/la président.e de la Commission européenne est élu à la majorité des membres du Parlement européen, sur proposition des chefs d’État et de gouvernements qui doivent prendre en compte le résultat des élections européennes. C’est ainsi que le système des « Spitzenkandidaten » a prévalu en 2014: c’est le chef de file de la famille politique arrivée en tête qui a été proposé par les dirigeants européens. Néanmoins, suite aux élections du 26 mai dernier, ce système ne peut être considéré comme automatique. Par conséquent, une personnalité extérieure au processus pourrait être choisie au cours du Conseil européen exceptionnel du 30 juin pour succéder à Jean-Claude Juncker.

Des enjeux économiques importants à prendre en compte

L’impact économique de ces élections est important. En effet, on peut déjà observer plusieurs tendances. Le Rassemblement national, par exemple, dénonce l’Europe et l’euro et va s’aligner sur les nationalistes italiens, autrichiens et néerlandais. Ainsi, il n’y aura pas d’attaques frontales ni contre l’euro ni contre l’Europe telle qu’elle est constituée aujourd’hui. On assiste également à la montée des écologistes qui vont relancer les politiques vertes à Strasbourg et à Bruxelles grâce au recul du charbon en Allemagne, au durcissement des normes CO2 pour les transports dans tous les pays d’Europe, et à l’inflexion de la politique agricole commune (PAC). Enfin, on voit également un recul des grandes formations traditionnelles ce qui pourrait se traduire par un réexamen des accords commerciaux négociés entre l’Union européenne et les États-Unis, le Japon, le Pacifique ou l’Amérique latine. Dès lors, les pays qui font du dumping social et environnemental devront probablement être touchés par des réglementations plus contraignantes.