Alimenter en énergie une économie neutre pour le climat: la Commission présente des plans pour le système énergétique de l’avenir et pour l’hydrogène propre

Source Parlement européen

Pour parvenir à la neutralité climatique à l’horizon 2050, l’Europe doit transformer son système énergétique, qui représente 75 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE. Les deux stratégies de l’UE adoptées le 27 novembre, respectivement pour l’intégration du système énergétique et pour l’hydrogène, ouvriront la voie à un secteur de l’énergie plus efficace et plus interconnecté, mû par le double objectif d’une planète plus propre et d’une économie plus forte.

Ces deux stratégies prévoient un nouveau programme d’investissement dans les énergies propres, qui s’inscrit dans le droit fil du plan de relance de la Commission «Next Generation EU» et du pacte vert pour l’Europe. Les investissements envisagés devraient permettre de stimuler la reprise économique à la suite de la crise du coronavirus. Ils nous permettront de créer des emplois en Europe et de renforcer notre leadership et notre compétitivité dans des secteurs stratégiques qui sont cruciaux pour la résilience de l’Europe.

Intégration du système énergétique

La stratégie de l’UE pour l’intégration du système énergétique constituera le cadre de la transition vers une énergie verte. Le modèle actuel, qui se caractérise par une consommation d’énergie en «silos» dans les transports, l’industrie, le gaz et le bâtiment — chaque secteur possédant une chaîne de valeur, des règles, des infrastructures, une planification et des opérations qui lui sont propres, ne peut pas nous permettre d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050 de manière rentable; l’évolution du coût des solutions innovantes doit être prise en compte dans la manière dont nous exploitons notre système énergétique. Il convient d’établir de nouveaux liens entre les secteurs et d’exploiter les progrès technologiques.

On entend, par intégration du système énergétique, une planification et une exploitation globales du système, associant différents vecteurs énergétiques, infrastructures et secteurs de consommation. Un tel système, connecté et flexible, sera plus efficace et permettra de réduire les coûts supportés par la société. Par exemple, dans ce système, l’électricité alimentant les voitures en Europe pourrait provenir des panneaux solaires se trouvant sur nos toits, tandis que nos bâtiments pourraient être chauffés en utilisant la chaleur produite par une usine voisine, laquelle pourrait être approvisionnée en hydrogène propre produit à partir d’énergie éolienne en mer.

Cette stratégie repose sur trois piliers principaux:

  • premièrement, un système énergétique plus «circulaire», centré sur l’efficacité énergétique. La stratégie définira des mesures concrètes pour appliquer dans la pratique le principe de «primauté de l’efficacité énergétique» et utiliser plus efficacement les sources d’énergie locales dans nos bâtiments ou communautés. Il existe un potentiel important en matière de réutilisation de la chaleur résiduelle provenant de sites industriels, de centres de données ou d’autres sources, et d’énergie produite à partir de biodéchets ou dans les stations d’épuration des eaux usées. La «vague de rénovations» constituera un volet important de ces réformes;
  • deuxièmement, une électrification directe accrue des secteurs d’utilisation finale. Le secteur de l’électricité affichant la part la plus élevée d’énergies renouvelables, nous devrions privilégier l’utilisation de l’électricité partout où cela est possible: par exemple, pour les pompes à chaleur dans les bâtiments, les véhicules électriques dans les transports ou les fours électriques dans certaines industries. Un réseau d’un million de points de recharge pour véhicules électriques comptera parmi les résultats visibles, de même que l’expansion de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne;
  • pour les secteurs où l’électrification est difficile, la stratégie promeut des combustibles plus propres, notamment de l’hydrogène renouvelable et des biocarburants et biogaz durables. La Commission proposera un nouveau système de classification et de certification des combustibles renouvelables à faible teneur en carbone.

La stratégie définit 38 mesures visant à créer un système énergétique plus intégré. Elle prévoit notamment la révision de la législation en vigueur, un soutien financier, la recherche et le déploiement de nouveaux outils numériques et technologies, des orientations à l’intention des États membres en matière de mesures fiscales et la suppression progressive des subventions aux combustibles fossiles, une réforme de la gouvernance des marchés et une planification des infrastructures, et une meilleure information des consommateurs. L’analyse des obstacles existants dans ces domaines contribuera à l’élaboration de nos propositions concrètes, telles que la révision du règlement RTE-E d’ici la fin de 2020 ou la révision de la directive sur la taxation de l’énergie et du cadre réglementaire du marché du gaz en 2021.

Stratégie pour l’hydrogène

Dans un système énergétique intégré, l’hydrogène peut soutenir la décarbonation dans les secteurs de l’industrie, des transports, de la production d’électricité et de la construction dans toute l’Europe. La stratégie de l’UE pour l’hydrogène examine comment concrétiser ce potentiel, au moyen de l’investissement, de la réglementation, de la création de marchés ainsi que de la recherche et de l’innovation.

L’hydrogène peut alimenter des secteurs qui ne se prêtent pas à l’électrification et offrir des possibilités de stockage pour compenser les variations des flux d’énergies renouvelables, mais cela requiert une action coordonnée entre les secteurs public et privé, au niveau de l’UE. La priorité est de développer l’hydrogène renouvelable, produit principalement à partir des énergies éolienne et solaire. Toutefois, à court et à moyen terme, d’autres formes d’hydrogène bas carbone seront nécessaires pour réduire rapidement les émissions et soutenir le développement d’un marché viable.

Cette transition progressive nécessitera une approche par étapes:

  • de 2020 à 2024, nous soutiendrons l’installation d’une capacité d’au moins 6 gigawatts d’électrolyseurs pour la production d’hydrogène renouvelable dans l’UE, avec l’objectif de produire jusqu’à un million de tonnes d’hydrogène renouvelable;
  • de 2025 à 2030, l’hydrogène devra faire partie intégrante de notre système énergétique intégré, avec une capacité d’au moins 40 gigawatts d’électrolyseurs pour la production d’hydrogène renouvelable et une production allant jusqu’à dix millions de tonnes d’hydrogène renouvelable dans l’UE;
  • de 2030 à 2050, les technologies utilisant l’hydrogène renouvelable devraient atteindre leur maturité et être déployées à grande échelle dans tous les secteurs difficiles à décarboner.

Afin de contribuer à la réalisation de cette stratégie, la Commission lance aujourd’hui l’alliance européenne pour un hydrogène propre avec des acteurs de premier plan du secteur, la société civile, des ministres nationaux et régionaux et la Banque européenne d’investissement. Cette alliance constituera une réserve de projets d’investissement destinée à accroître la production et soutiendra la demande d’hydrogène propre dans l’UE.

Pour faire en sorte que les technologies les plus propres parmi celles qui sont disponibles bénéficient de ces aides, la Commission s’attachera à instaurer des normes, terminologie et certification communes, sur la base des émissions de carbone tout au long du cycle de vie, sur le fondement de la législation en vigueur en matière de climat et d’énergie, et dans le respect de la taxinomie européenne des investissements durables. La Commission proposera des mesures stratégiques et réglementaires visant à assurer la sécurité des investisseurs, à faciliter l’utilisation de l’hydrogène, à promouvoir les infrastructures et réseaux logistiques nécessaires, à adapter les outils de planification des infrastructures et à soutenir les investissements, notamment dans le cadre du plan de relance «Next Generation EU».

Citations de membres du Collège des commissaires:

  1. Frans Timmermans, vice-président exécutif chargé du pacte vert pour l’Europe, a déclaré à ce propos: «Les stratégies adoptées aujourd’hui soutiendront le pacte vert pour l’Europe et la relance verte, et nous mettront résolument sur la voie de la décarbonation de notre économie d’ici à 2050. La nouvelle économie de l’hydrogène peut être un moteur de croissance et nous aider ainsi à surmonter les dommages économiques causés par la pandémie de COVID-19. En développant et en déployant une chaîne de valeur de l’hydrogène propre, l’Europe deviendra pionnière au niveau mondial et conservera son rôle de premier plan dans le domaine des technologies propres.»

Mme Kadri Simson, commissaire à l’énergie, a apporté les précisions suivantes: «Avec 75 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE provenant de l’énergie, nous avons besoin de changer de paradigme pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés pour 2030 et 2050. Le système énergétique de l’UE doit devenir mieux intégré, plus flexible et plus à même d’intégrer les solutions les plus propres et les plus rentables. L’hydrogène jouera un rôle essentiel à cet égard, étant donné que la baisse du prix des énergies renouvelables et la poursuite de l’innovation en font une solution viable pour une économie climatiquement neutre.»

  1. Thierry Breton, commissaire au marché intérieur, s’est exprimé en ces termes: «L’alliance européenne pour un hydrogène propre, lancée ce jour, permettra d’orienter les investissements vers la production d’hydrogène. Elle constituera une réserve de projets concrets destinés à soutenir les efforts de décarbonation des industries européennes à forte intensité énergétique, telles que les industries sidérurgique et chimique. Cette alliance revêt une importance stratégique pour la réalisation des ambitions que nous nourrissons dans le cadre de notre pacte vert et pour la résilience de notre industrie.» 

Contexte

Le pacte vert pour l’Europe constitue la nouvelle stratégie de croissance de l’UE, à savoir une feuille de route ayant pour objectif de rendre l’économie européenne durable en transformant les défis climatiques et environnementaux en opportunités dans tous les domaines d’action et en garantissant une transition juste et inclusive pour tous. Un système énergétique mieux intégré est essentiel pour parvenir à la neutralité climatique à l’horizon 2050, tout en créant des emplois, en assurant une transition juste et en renforçant l’innovation au sein de l’UE et le leadership industriel au niveau mondial. Ce secteur peut apporter une contribution cruciale à la relance économique de l’Europe à la suite de la crise du coronavirus, ainsi que le décrit le plan de relance «Next Generation EU» présenté par la Commission le 27 mai 2020.

Le système énergétique actuel repose toujours sur plusieurs chaînes de valeur, verticales et parallèles, qui relient de manière rigide certaines ressources énergétiques à certains secteurs d’utilisation finale, occasionnant ainsi un gaspillage d’énergie considérable. Par exemple, les produits pétroliers prédominent dans le secteur des transports et comme matière première pour l’industrie. Le charbon et le gaz naturel sont principalement utilisés pour produire de l’électricité et du chauffage. Les réseaux d’électricité et de gaz font l’objet d’une planification et d’une gestion distinctes. De même, les règles du marché sont largement fonction des différents secteurs. Ce modèle en «silos» distincts ne saurait déboucher sur une économie neutre pour le climat. Il est inefficace sur les plans technique et économique et entraîne des pertes considérables sous forme de chaleur résiduelle et de rendement énergétique faible.

Un moyen de parvenir à l’intégration sectorielle réside dans le déploiement de l’hydrogène renouvelable. L’hydrogène peut en effet servir de matière première, de carburant, de vecteur d’énergie et de solution de stockage, et peut trouver de nombreuses applications dans les secteurs de l’industrie, des transports, de l’électricité et de la construction. Aspect plus important encore, son utilisation ne produit pas d’émissions de CO2 et ne cause pratiquement pas de pollution atmosphérique. Il constitue donc une solution pour décarboner les processus industriels et les secteurs économiques dans lesquels la réduction des émissions de carbone est à la fois urgente et difficile à réaliser. Ces caractéristiques font de l’hydrogène un élément essentiel, tant pour soutenir l’engagement, pris par l’UE, d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 que dans le cadre des efforts déployés au niveau mondial pour mettre en œuvre l’accord de Paris.