« De la déclaration Schuman aux Traités de Rome : une journée, une étape »

3ème étape : L’échec de la CED, 1954 et la Conférence de Messine, 1955


échec CED

En écrivant sur le projet de Communauté européenne de défense, grande est la tentation de paraphraser Oscar Wilde en affirmant que l’expérience est le nom que l’on donne à ses échecs. A cet égard, l’échec de la CED est incontestablement de ceux qui sont les plus constructifs.

En effet, le projet de la CED est né dans le courant des années 1952-1953 d’un contexte particulièrement agité, nous sommes au lendemain de la seconde guerre mondiale qui ravagea les terres et les esprits, mais à l’aube d’une période de fortes accentuations des relations entre les nations européennes. Toutefois, le climat de guerre froide, de plus en plus pesant, laissait planer une menace sur les Etats européens qui se reconstruisaient.

Aussi, l’URSS apparait alors comme un voisin à la puissance redoutable. C’est dans ce contexte, et sous la bienveillance des Etats-Unis que naquît l’idée, notamment sous l’influence du président du Conseil français René Pleven, d’une communauté européenne de défense bâtie sur le modèle de la CECA, alors florissante, avec une structure à la fois politique et militaire. Ce projet permettait, à cet égard d’envisager le réarmement de l’Allemagne, dont l’armée aurait intégré cette structure dirigée par un Etat major européen sous le commandement suprême de l’Organisation du Traité Atlantique Nord. La CED fût, dès lors, présentée aux 6 Etats de la CECA. Toutefois en France, les élections législatives de 1951, virent se renforcer les partis opposés à ce projet, le RPF (mouvement gaulliste) et le Parti Communiste Français.  C’est ainsi que par un vote négatif de l’Assemblée Nationale le 30 août 1954, le projet de la CED fût enterré.

De cet échec resurgit l’idée d’une construction européenne recentrée sur des secteurs moins sensibles, moins attentatoires des souverainetés étatiques (méthode Monnet).

C’est ainsi qu’une conférence des six réunie en Italie à Messine eut lieu du 1er au 3 juin 1955. Y participèrent les ministres des Affaires étrangères des six États membres de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) : le Luxembourgeois Joseph Bech présida la réunion à laquelle participèrent Antoine Pinay pour la France, Walter Hallstein pour la République fédérale d’Allemagne (RFA), Paul-Henri Spaak pour la Belgique et Johan Willem Beyen pour les Pays-Bas.Ces derniers, à l’issue de la conférence, arrêtèrent le principe de deux nouvelles communautés d’intégration partielle, l’une dans le domaine des questions atomiques, l’autre plus générale visant à la mise en place d’un marché commun européen.

Ces deux nouvelles communautés furent instituées par deux traités signés à Rome le 25 avril 1957.

                                                                                                                                            ABDERREHIM Zinedine